Orgue de Lorris (1501)


Orgue de tribune
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HISTORIQUE

L'histoire connue de l'orgue de Lorris est jalonnée par les dates suivantes :

1501

La date d'origine de l'orgue est indiquée par deux sources : le livre de Georges Servières "la décoration artistique des buffets d'orgues, paru en 1928, et le livre d'Alexandre Cellier et Henri Bachelin, "l'orgue, ses éléments, son histoire, son esthétique", publié en 1933.
Si les auteurs ne citent pas leurs sources, la date avancée de 1501 est toutefois plausible car la période indiquée est confirmée par les caractéristiques architecturales du buffet et de la tribune.

1664

Il nous faut avancer de près de 150 ans pour trouver un premier document concernant l'orgue.

En 1664, Abraham Caillard, Charles Coustellier et Philippe Listoré, marguilliers de la paroisse, adressent aux commissaires royaux une demande d'exemption fiscale. Dans ce document, les marguilliers insistent sur les frais de la paroisse notamment "l'entretenement des orgues qui tombent en ruine". ( ) Faut-il prendre cette indication au pied de la lettre, compte tenu du dégrèvement fiscal demandé ?

1681

Toujours est-il que 17 ans plus tard, les marguilliers de l'époque passent contrat le 15 août 1681, avec le père Théodore Marie de Fontaine, religieux franciscain, vénitien de naissance et facteur d'orgue, pour les réparations de l'orgue (1). A ce contrat est annexé un mémoire des travaux à faire. Ces deux documents sont fondamentaux car ce sont les seuls qui témoignent de l'état ancien de l'instrument. (Ce mémoire est transcrit ci-dessous.)

Mémoire pour présenter à Messieurs les marguilliers et jurez de l'église de Lorris pour le restablissement de leur orgue (rayés : fait et délivré le 9 aoust 1681)
1° Premièrement relever tous les tuyaux de la monstre, bourdon, prestant, doublet, fourniture, cornet, trompette de pédalle, voix humaine, nazard, et tierce s'il y est
2° Nettoyer tous les dits tuyaux desdits jeux susnommés de la poussière
3° Redresser toutes les bossures
4° Ressouder les dessoudés et deffectueux
5° Restablir toute la marche dudit de nouveau
6° Restablir tant en soudure qu'en bossure tous les portevents particuliers tant de bourdon, de voix humaine, de cornet et de trompette de pédalier que de monstre
7° Relever tous les sommiers et les garnir tout de nouveau mesme aussy le grand portevent
8° Restablir tous les tirants et registres du grand sommier
9° Un clavier de nouveau oû il faut adjouter une touche dont la soupape ne parle pas
10° Restablir la soufflerie et ce qui se trouvera deffectueux
et pour ce le Révérend Père requiert pour remettre l'orgue de Lorris en estat, s'obligeant de se nourrir et de fournir de tout pour la somme de 150 livres

Une surprise dans ce devis : l'orgue décrit est bien celui qui existe actuellement. Les jeux cités sont ceux d'aujourd'hui. Cette disposition, assez caractéristique des petits instruments de cette époque (fin du XVIIème) ne correspond pas à ce que pouvait être celle d'un instrument contenu dans le buffet Renaissance du XVIème. Il faut admettre qu'il avait été reconstruit bien avant 1681 (le prix de 150 livres ne correspond d'ailleurs qu'à une réparation). Cette transformation peut dater de la fin du XVIème siècle ou plus vraisemblablement du premier tiers du XVIIème siècle. En effet, par lettre patente du 8 janvier 1607, le roi Henri IV décida que les églises qui avaient été entièrement ou partiellement démolies "fussent réédifiées ou réparées".) La restauration de l'orgue avait probablement suivi celle de l'église.

XIXème siècle

Les autres archives concernant l'entretien de l'orgue sont du XIXème siècle.
Le 11 janvier 1838, la fabrique passe contrat avec Antoine Guéneau, facteur d'orgues à Cosne, pour l'entretien de l'orgue, moyennant un prix de 460 francs :
"Le dit sieur Guénau s'oblige à réparer et mettre en bon état le jeu d'orgues actuellement existant dans l'église de la ville de Lorris à cet effet réparer les soufflets dudit jeu les garnir de peau blanche et parchemin nécessaire, garnir les touches en ivoire, nettoyer les claviers, remettre les tire vents, passer les tuyaux au mandrin, les battre au marteau de manière à applanir toutes les bosses, remplacer à neuf les tuyaux qui peuvent manquer ou qui peuvent être hors d'état de servir, faire ce qui sera nécessaire pour entretenir les soupapes, les ressorts, les échappes et les registres ; réparer les porte vents sur les sommiers, remplacer ceux qui peuvent manquer ou être défectueux, ajuster les tuyaux quand ils auront été réparés et nettoyés, accorder le jeu de manière à le laisser dans le meilleur état d'activité possible". D'autres travaux d'entretien sont attestés en 1862 par le facteur d'orgues orléanais Beaurain. L'orgue continue donc à servir et à être entretenu tout au long du XIXème siècle.

A la fin du siècle, se situe le drame retenu par la tradition locale : un organiste malade ne supporte pas de se voir évincé par un autre organiste pour l'office de la messe de Noël. Il crève de nombreux tuyaux è coup de couteau, rendant l'orgue inutilisable. On peut situer cet épisode è Noël de l'année 1893, les crédits de la fabrique au titre de l'organiste étant annulés en 1894, "faute d'emploi".
L'orgue de Lorris entre alors pour près de 80 ans dans un long sommeil et dans un long oubli. Paradoxalement, cette mutilation a préservé l'orgue d'une restauration radicale dans un style symphonique ou plus moderne, qui aurait fait disparaître à tout jamais mécanique, tuyauterie et sommiers anciens.

1974

La renaissance de l'orgue de Lorris est due à l'abbé Michel Chausson. En septembre 1970, un dossier de protection est présenté à la Commission supérieure des monuments historiques ; le classement de la partie instrumentale de l'orgue est obtenu le 19 mai 1971 (la tribune et le buffet étaient classés depuis le 11 juillet 1903).
Le marché de restauration a été passé avec le facteur d'orgues Jean Georges Koenig de Sarre Union, le 21 novembre 1972. Le travail de restauration comprenait la remise en état des sommiers, notamment le demi sommier de gauche fendu et voilé. Il comprenait également la remise en état des 461 tuyaux récupérés du XVIème (tout en plomb) ou du XVIIème (corps en étain, pied en plomb) et la fabrication des 288 tuyaux manquants.

Le facteur Jean Georges Koenig, qui avait fondé son entreprise à Sarre Union après 1945, s'était alors particuliérement fait remarquer par la reconstitution très fidèle qu'il avait faite en 1969 - 1970 d'un orgue français, en suivant les préceptes de Dom Bedos. La restauration de l'orgue de Lorris a participé au mouvement de redécouverte de l'orgue ancien dans notre pays.

Après remise en état, le remontage put avoir lieu en juin 1974. L'inauguration de l'orgue restauré eut lieu le dimanche 23 novembre 1975 avec la participation de Marie-Claire Alain et de Michel Chapuis, devant une assistance nombreuse.


Composition

Montre 8'Bourdon 8'Prestant 4'Nazard 2' 2/3
Doublette 2'Tierce 1' 3/5Fourniture IIICymbale II
Dessus de Cornet VTrompette 8'
(basse et dessus)
Voix humaine 8'
(basse et dessus)

Pression du vent : 120 mm
Diapason 409 Hz (soit plus d'un demi-ton sous le diapason actuel)
Tempérament inégal
Tremblant doux

Galerie photo


Photo Bruno Gauthier
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© photos Bruno Gauthier
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